ILS SERONT ADULTES

 

ILS SERONT ADULTES

 

Il s'agit là du devenir à l'âge adulte.

Notre morale sociale est basée sur le travail seule source de respectabilité. J'ai longtemps cru et affirmé cette vérité pour les Infirmes Moteurs d'Origine Cérébrale. Pour moi comme pour d'autres, les handicapés, les anciens malades, c'était une justification d'être, la preuve d'une normalité. Saluons ici les mérites de Suzanne Fouché qui créa "la Ligue pour l'Adaptation du Diminué Physique au Travail" (LADAPT) à une époque où, nous, tuberculeux, étions maintenus dans l'inactivité durant plusieurs années.

Lors d'une réunion de "l'International Cerebral Palsy", en Angleterre, j'ai eu à en débattre avec le Pr. Milani d'Italie qui ne partageait pas mon avis. Je crois avoir convaincu les auditeurs. Il faut dire que c'était l'époque de cette usine d'Australie entièrement gérée par des Infirmes Moteurs Cérébraux. Nous y croyions, il est vrai que les possibilités des enfants admis à cette époque dans les Centres étaient beaucoup plus importantes que ce qu'elles ont été par la suite.

Un éducateur formateur venu en visite de ses stagiaires m'a dit : "Pourquoi  vouloir  les  faire travailler, moi, si je pouvais vivre tranquille dans le loisir cela me conviendrait".

Et pourquoi pas ? Pourquoi s'acharner à vouloir couler dans le moule des individus de plus en plus atteints ?

Pour beaucoup, et surtout autrefois, le métier était le résultat d'un choix. Peut-on comparer le labeur qui procure des plaisirs et des joies avec la besogne imposée ? Pourquoi l'exiger de ceux qui peinent pour peu de rentabilité dans une période ou tant de sujets valides sont au chômage ?

Mais il faut meubler le temps, s'occuper, avoir quelque chose à faire !

Grâce à la loi d'orientation, certaines possibilités leur sont données de subsister avec une activité plus motivante.

Faut-il insister ? Oui au départ, il est nécessaire de donner à chaque individu des armes, lui ouvrir des centres d'intérêt, lui enseigner des savoirs et surtout des savoir-faire.

Mais plus tard, si ce travail devient pénible, s'il n’y a pas un éventail suffisant de possibilités, s'il est fragmentaire et mécanique et ne donne pas le plaisir de produire et d'être vraiment utile ?

Laissons à chacun sa décision.

Il faut multiplier les recherches et les options : La pression sur les employeurs, la loi s'en occupe, même si encore elle donne de grandes possibilités d'esquive.

Les Ateliers protégés : s'ils ne sont pas subventionnés, ce ne sont que de petites P M E, il y faut de la rentabilité.

Les Centres d'aide par le travail : ils ont de plus en plus de difficultés à trouver des sous-traitances. Souvent les commandes sont à réaliser dans un délai assez court, et certains auraient dû faire appel à des sujets valides pour y faire face (agents de production) ?

Le Pr. Milani disait, "- je veux réaliser des ateliers où l'Infirme moteur verra travailler". Cette conception, sans doute la conclusion d'une longue réflexion est à prendre en compte. D'abord le sujet se sent intégré, même s'il ne produit pas. Il est là, participe mentalement, peut même rendre de petits services. Ne serait-ce que l'écoute, la chaleur d'une présence, tout le monde y trouverait son compte.

Ceux qui ont un handicap très important, nécessitant des soins et une assistance, ceux aussi qui choisissent cette solution de confort et de vie collective trouveront leur place en Foyer. La plupart du temps, les responsables y organisent des activités   non   obligatoires,   d'autres   préféreront s'adonner à la peinture, à l'écriture d'un abondant courrier, etc.

Dans ces structures, quand il y a hébergement, les frais sont prélevés sur l'Allocation Adulte Handicapé, et souvent il ne reste qu'une petite somme d'argent de poche. Aussi chaque fois que possible nombreux prennent un appartement en ville, ils touchent alors l'Allocation Logement et il leur reste plus de sous. Il arrive que, après ce stade, ils mettent fin à leur fréquentation de l'atelier. C'est un choix, mais inoccupés il ne faut pas qu'ils partent à la dérive. Le bistrot, est bien sûr un lieu de rencontre sociale, mais attention à une habitude de boisson perfidement croissante.

Si je trouve beaucoup d'intérêt pédagogique au séjour de l'enfant à la campagne, il m'apparaît plus logique de faire demeurer l'adulte en ville. On l'a rendu plus indépendant et plus autonome, s'il maîtrise ses déplacements en fauteuil roulant manuel ou plus facilement électrique, il pourra lui, seul, profiter des avantages de la cité : spectacles, baguenaudage, rencontres, lèche-vitrines. Il y trouvera toute sa liberté et un équilibre face aux autres. Alors il sera reconnu, accepté, on ne le remarquera même plus.

 

LES ÉTABLISSEMENTS, les besoins

 

Schématisons les équipements et les besoins

 

- Ou les élèves sont suffisamment indépendants et peuvent bénéficier d'une scolarité en situation normale avec l'aide du Service de Soins et d'Éducation à Domicile et en milieu scolaire.

- Ou ils sont très dépendants, ont besoin d'un lieu et d'une scolarité adaptée, de l'attention et de l'aide de personnels, ils devront être en internat ou semi-internat, et dans ce cas auront besoin d'un service de ramassage.

- Des petites unités adaptées pour les polyhandicapés en structure éclatée, proche de leur famille, si on veut éviter le placement rejet et l'abandon.

- Un besoin d'établissement par appartements adaptés au rez-de-chaussée et intégrés pour les Infirmes Moteurs adultes en ville ou gros village.

- Un Atelier protégé et un Centre d'Aide par le Travail pour les handicapés moteurs susceptibles de travailler. Surtout un approfondissement des marchés susceptibles de leur être confiés.

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