LES ATELIERS par Armand Guillaumin

LES ATELIERS. Par Armand Guillaumin Educateur technique spécialisé

 

HISTORIQUE Les premiers Ateliers d’initiation

 

Quand je suis arrivé à Cornusse, le 27 septembre 1967 je fus affecté au groupe des grands garçons. Je fus le premier éducateur à intervenir sur l’internat-.

A cette époque l’IME recevait les garçons et des filles de 3 à 14 ans.

Deux ateliers existaient au sous-sol du château, contigus à la chaufferie et à la laverie. Dans ces ateliers des activités en prise avec la vie de tous les jours étaient le support des apprentissages.

Dans l’atelier des garçons des activités diverses et variées étaient proposées. Elles allaient de la menuiserie, les montures de scies étaient fabriquées avec le bois coupé dans le parc et séché à l’avance, au travail du métal avec la réalisation en particulier d’un petit marteau, emmanché par la suite.

D’autres activités, plutôt artistiques étaient réalisées en particulier la poterie et le moulage en passant par le dessin. Le Moniteur d’atelier était un artiste peintre sensible à l’art dans toutes ses formes.

Des activités de jardinage étaient aussi pratiquées. Le médecin directeur de l’époque, visionnaire, engagé humainement dans sa mission avait fait réaliser  « un jardin adapté » dans lequel des allées enterrées réalisées à la pelleteuse permettaient à des ados en fauteuil roulant d’effectuer les travaux à leur hauteur. Pas besoin d’ergonomie, du bon sens. Si on ne peut pas mettre le sol à hauteur, baissons nos voies d’accès pour être à la hauteur du sol

L’atelier des filles, permettait l’accès aux apprentissages de la vie courante, repas vaisselle, entretien du linge, tenue d’une maison.

Le support de ces activités étaient représentées par la préparation de repas pris en commun, de l’entretien de petit linge personnel, de l’entretien de l’atelier, la  confection de vêtements en tricot, soit aux aiguilles, soit à la machine à tricoter.

Enfin, le « gros morceau annuel » : la préparation de la journée Nationale. Pour cette activité les 2 ateliers étaient réunis. Il fallait mette une épingle sur des étiquettes, cela se comptaient par milliers préparer un envoi pour chaque Mairie et chaque paroisse du département.

De nos jours on parlerait de « formation à la communication ».

Ces formations n’ont jamais débouché sur une orientation qualifiante,  ce n’était pas le but. Par contre, il est sûr que le passage dans ces ateliers à permis à nos élèves de faire un pas supplémentaire vers leur vie d’homme et de femme.

ENSUITEL’IMPRO..

L’obligation scolaire fut portée à 16 ans. Les jeunes qui partaient de l’établissement ne trouvaient pas d’orientation. Ils restaient chez eux dans le meilleur des cas. Les dispositions vis à vis de la reconnaissance et de la prise en charge des personnes en situation de handicap n’étaient pas ce que nous connaissons aujourd’hui.

Le docteur Marc Gicquiaud monta avec Suzanne Fouché le projet et le dossier de L’IMPRO.

Mais quel atelier ouvrir ?

Un courrier détaillé fut adressé à l’AFPA par le directeur pour demander conseil. Ils préconisèrent un atelier de serrurerie de bâtiment car cette activité survole un grand échantillon d’aptitudes dans les gestes professionnels et dans les acquisitions théoriques. De l’ajustage à la forge, du traçage au débit, du soudage au meulage……….

Etant intéressé par une telle évolution, j’effectuai une formation  de serrurerie à Bourges à la FPA.

Et le 1er septembre 1969, l’atelier de serrurerie ouvrait à la butte, dans un ancien garage, sans aucun aménagement, sans aucun outil, à part mon marteau, ma scie et  mes outils de traçage. Le docteur Gicquiaud, encore lui, avait mis à notre disposition ses outils personnels, pinces, serre joints….

Apparemment il n’y avait pas eu de budget prévu. Mais quand on veut, on peut.

Le médecin directeur suivait les ventes des domaines, nous étions abonnés au bulletin annonçant les ventes au niveau national. Il faut dire que nous étions bien placés géographiquement dans la mesure où le magasin central de rechange et d’outillage de toute l’armée française et des établissements de fabrication de la défense se trouvent à Bourges.

Je m’étais donc mis à suivre ces ventes, et c’est en me rendant à une de celles-ci, que j’ai créé une relation « humaine et solidaire » avec le responsable des stocks du MCRO et l’officier supérieur de l’établissement.

Le lot qui m’intéressait fut vendu une bouchée de pain mais 10 francs au dessus de ce qui m’avait été alloué.

De retour à l’établissement, je fis part de ma démarche au directeur en lui demandant de prendre contact par courrier avec les personnels que j’avais rencontré.

Il nous fut demandé de bien étudier nos besoins, de faire la liste et de prendre rendez vous. Nous nous sommes rendus dans cet établissement, munis de notre liste, et là, nous avons été amenés à voir ce qui nous convenait. L’après midi fut bien occupé, le magasin comportait 96 hectares de hangars couverts.

J’étais parti en formation de formateurs à Toulouse lorsque le directeur me fit parvenir l’offre chiffrée. 5 centimes le kilo, pour du matériel neuf ou presque.

Dans le même temps il fut acheté un poste à soudure électrique à l’arc et un poste oxyacéthylénique, et d’autres équipements : La forge des ateliers de la Marine à Guérigny, le tour de l’AFPA etc.... En 1974, on peut estimer que l’atelier était vraiment opérationnel, et ce de façon professionnelle.

L’impro avait eu un agrément entre temps et d’autres ateliers s’étaient ouverts : l‘enseignement ménager l’agriculture et enfin la mécanique générale.

Une évolution vers un atelier bois se fit parallèlement.

Tous ces ateliers fonctionnaient avec leurs techniques propres, animés par des professionnels. C’étaient aussi des lieux autant d’éducation que d’apprentissages. Une unité existait dans ce service, une équipe était en place.

Les apprentissages ont pu être mesurés en exposés à travers les réalisations. Que se soit en serrurerie, menuiserie, agriculture.

Très tôt, et tout au long de leurs activités les ateliers on participé aux divers aménagements dont l’établissement avait besoin  en faisant parfois d’importants chantiers. Participation à la finition des bâtiments réalisés en gros œuvre par les compagnons bâtisseurs, serrurerie, adduction eau potable en équipe avec le service d’entretien de l’établissement. Ces travaux étaient réalisés spontanément et naturellement, mais toujours de manière professionnelle et pédagogique. Cela n’avait rien à voir avec des activités de colonies de vacances.

Des activités de sous traitance ou de travail à façon étaient également réalisés pour des entreprises ou des particuliers. L’atelier agriculture commercialisait sa production auprès du personnel. Œufs, lapins volaille.

Une activité très intéressante tant au niveau technique que « pédago-éducative », était pratiquée au sein de l’atelier agriculture, il s’agissait de la culture du tabac. Culture très encadrée, très surveillée, cette activi, menée du semis à la livraison était une activité sociale car en prise directe avec l’extérieur.

Les tutelles allèrent, en 1986, jusqu’à écrire que l’établissement avait enrichi son patrimoine à travers des réalisations de ce type.

De telles affirmations montrent tout à fait les capacités de jugement de ceux qui commandent par rapport à ceux qui agissent.

Ensuite la mise en place d’un atelier de « sous traitance » avec une exécution de travaux postés permirent d’envisager la création d’un CAT.

Ensuite, en 1996 j’ai été affecté a l’atelier informatique, et ce jusqu’à ma retraite. L’atelier informatique est un atelier pédagogique où l’outil est un aide objectif et rigoureux. En plus de la technique pure il faut de la rigueur et de la méthode.

Les logiciels de mise en page et de retouche d’image font appel à des aptitudes pour se repérer et de se situer dans la réalisation d’une œuvre.

Ma conclusion ne peut être qu’une question : Aujourd’hui des jeunes, ne sachant ni lire ni écrire, ne connaissant pas leur couleurs fréquentent les collèges.

Pratique – t- on l’insertion où la tromperie, le mensonge et la maltraitance ?

 

ARMAND GUILLLAUMIN.

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